Départ

Il faisait plus froid ce matin qu'hier, plus sec aussi, pas de givre sur les toits mais le sol durci par le gel où se surprendre en tapant du pied que la terre ne soit pas meuble ; le ciel plus uni, les herbes plus cuites, mais l'ensemble peut-être moins beau. Peut-être que c'est l'effet du deuxième jour, le vent lui-même souffle un peu de lassitude, siffle et ne module que par convention. Cet après-midi le terrain de boules s'est couvert de voitures neuves, de retraités, le beige granuleux du terrain soudain occupé (ils devaient être une centaine) de coiffes rouges, de profils courbés par un sac au dos, de cannes, et d'un brouhaha. Lorsqu'ils se sont mis en mouvements, deux des excursionnistes se sont placés au bord du terrain, levant leurs cannes et les croisant comme dans Le Serment des Horaces, mais à deux, pas trois, et formant un portique sous lequel toutes les personnes présentes sur le terrain sont passées l'une après l'autre spontanément, pour atteindre la rue goudronnée qui longe le terrain, créant le départ.