Il aura fallu deux nuits au vent printanier pour

Il aura fallu deux nuits au vent printanier pour faire effet ; ce matin, c'était tout un lot de promesses et de chants d'oiseaux dominicaux dans la lumière douce et fraîche des environs de l'équinoxe qui enveloppaient l'ambiance électorale. Il y avait dans l'air cette idée d'un passé, qui est maintenant, dont la durée serait pour toujours : les quads continueraient de rouler en faisant jouer à plein la puissance de leur moteur pour exister, les mésanges seraient toujours plus menues, les chiens continueraient de chier au pied des boîtes aux lettres, les agriculteurs ne se lasseraient jamais d'agrandir les routes, d'en couper les virages, d'éventer leur paysage pour faire passer des machines toujours plus grosses, pour augmenter le rendement et le jeu des primes. Même une volaille au four venait compléter le tableau, mais à 14 h. nous avons dû rentrer le linge : il s'est mis à pleuvoir lentement, une pluie régulière et froide, verticale, pas abondante mais pas légère non plus, dans l'uniformité grise du ciel sans espace, et qui ne s'arrête pas non plus de tomber, sinon lorsqu'elle touche le sol.