La neige craquait hier matin sous les roues des
La neige craquait hier matin sous les roues des voitures allant au pas dans le village : il avait gelé. Dans le soleil matinal il ne faisait pas plus de 2 degrés mais le temps est resté beau jusqu'en fin d'après midi, les toits couverts d'un ruissellement scintillant car la neige fondait. D'immenses nappes nuageuses firent leur apparition au sud et à l'ouest en début d'après-midi, grumeleuses et planes, légères et compactes, qui affichent volontiers un air polaire parce qu'elles évoquent l'image que nous pouvons nous faire de la banquise sur la mer. Dans le réel, il ne faisait pas froid, à peine frais, et les nuages dans le ciel semblaient davantage miroiter dans les pans épars de la neige restée dans les champs, sur les reliefs exposés vers l'ouest, à l'ombre d'un tumulus ou d'un arbre, ou même d'un nuage. Arrivant avec le soir, un front nuageux masquait tout l'horizon du couchant, dense, lourd et opaque, plan et sans relief, uni comme un seul mot. Il ne s'est mis à pleuvoir qu'après que la nuit fût tombée, et ce matin, de nouveau, le jour s'est levé sous un ciel blanc comme le sol qui était couvert d'une neige nocturne. Il faisait nettement moins froid que la veille et le ruissellement sur les toits se fit vite entendre, meublant l'écoulement de la journée par sa musique monotone qui se mêlait à quelques appels et chants d'oiseaux. Car, comme souvent, la neige révèle la présence des oiseaux ; ainsi le merle dans la ramure fournie du cognassier sur-modelée de blancheur neigeuse était particulièrement aimable avant hier. Le ciel blanc ne s'est montré lourd à aucun moment, et parfois même il semblait lumineux comme un infime brouillard peut l'être. D'ailleurs, on voit les étoiles ce soir.
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