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Météo rétrospective
1 février 2009

Fait d'hiver

Il se passe une chose bizarre en ce moment ; non pas que Julien Coupat soit la seule personne incarcérée à tort en France. Simplement, pour lui l'opinion publique n'est pas tenue à l'écart de ce défaut de justice, quand dans les situations d'autres personnes cela fait partie du train des choses, du lot, des marges d'erreur — ça n'en est alors pas moins injuste, et davantage monstrueux. La bizarrerie, c'est cette simplicité : les journalistes, ainsi que des personnalités intellectuelles de premier plan, et d'autres, font état de l'incarcération de cet homme en rappelant que sa retenue en prison semble injustifiée. Tout le monde sait, certains louvoient, mais enfin ni la justice ni le pouvoir ne semblent se raviser sur la décision initiale d'emprisonnement. S'il n'y a pas de délit avéré, serait ce, comme l'ont dit certains, pour ne pas avoir à reconnaître une erreur initiale que cette décision n'est pas revue ? Le pouvoir n'a-t-il pas mieux à faire que d'adopter la posture d'une tyrannie balbutiante ? Évidemment, quand on a vu comment les hauts fonctionnaires de police changent de poste dans la Manche sur un geste du président français, on n'a du mal à penser qu'il ne pourrait pas faire un geste digne du roi Salomon. Que le chef tranche dans cette bizarrerie… Difficile aussi de ne pas penser que s'il ne le fait pas, c'est parce que cette situation bizarre lui convient. Déjà le défilé d'hier devant la prison où il est n'a pas arrangé l'image que la population peut avoir de Coupat. Il semble même que la préfecture y ait "attendu" plus de manifestants qu'il n'y en a eu.

J'ai entendu dans le cortège des lycéens de la manifestation, ce jeudi, un jeune gars muni d'un micro demander parmi une série de slogans et de vannes la "légalisation du canabis". Cela m'a rappelé que si le produit en question était légalisé, sa tolérance n'aurait plus lieu d'être. Ce qui, à son tour, m'a rappelé un pizzaiolo dont l'établissement portait un nom de club sportif et qui en était à devoir expliquer à son livreur ce que celui-ci devait faire devant le portail du client équipé d'un code digital : eh bien tu tapes le codes, je viens de te le donner, tu l'as noté au moins ?! Puis, dès lors que son livreur était parti, le patron se fendit d'un commentaire : putain, faut arrêter le chichon ! (Pour les bienheureux qui l'ignoreraient, chichon est une forme populaire du nom commun haschich.) Or ce marchand de pizz' avait pignon sur rue, et tout de l'électeur chiraquien de 1995, ou des gouvernements post-chiraquiens, qui, si réformateurs qu'ils se soient voulus, n'ont pas soulevé cette question de la légalisation du canabis. Car, en fait, retenir un produit hors la loi, c'est ne pas le dissocier du milieu du banditisme, disons petit ; et retenir un produit représentant une nuisance mineure hors la loi tout en le tolérant, cela sous-entend une tolérance du petit banditisme. Une petite frappe qui sort de prison, c'est moins embarrassant qu'un philosophe qui sort de prison.

Donc, ce qui peut déranger le président français chez Coupat, c'est qu'il ne parle pas comme lui, et ne le veut pas, sachant bien que ce n'est pas la couleur du col d'un délinquant qui fait sa langue. Et qu'avoir une femme dans le "showbiz" est une trait de médiatique ou une lubie de voyou.

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Commentaires
A
Voilà un lecteur plus que fidèle qui s'empresse de lire ce blog même bourré en rentrant du restaurant!<br /> qui dit mieux?!
P
Mathieu, excusez-moi, j'étais un peu bourré en rentrant du resto et je me suis laissé aller...
M
Si vous proposez une pétition, indiquez nous au moins comment la signer, de grâce, Philippe…
P
Moi, je fais une pétition pour que Coupat reste en prison, si vous voulez signer.
G
Si, il y a un site, des articles, une pétition, etc, ici :<br /> <br /> http://www.soutien11novembre.org/
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