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Météo rétrospective
26 juillet 2009

Jean Giono, Pour saluer Melville (Nrf, p. 82)

À six heures du matin, le ciel était clair au-dessus de Grays-Inn. De petits cirrus étaient étalés comme une aile immense éclatante de blancheur dans les élancements d'une aube verte. À chaque instant de nouvelles plumes s'ouvraient, faisant bouillonner sous elles un peu d'air rose. "Oh !" dit Herman, "cette fois, c'est le grand jeu, tu es beau comme tout ! Tu as donné un fameux coup de pied à l'armoire, je ne t'avais jamais vu si beau. Seulement, ça c'est des ailes de cérémonie nuptiale. Tu n'as pas peur qu'elles soient un peu gênantes pour des ailes de voyage ? Il n'y aura pas toujours de grands champs pour les ouvrir au-dessus ; j'ai aussi l'intention d'entrer dans de petites auberges. Enfin, tant pis pour toi, je t'ai prévenu, tu resteras dehors et j'aime autant te dire que tu nous fera sûrement remarquer." Les premiers rayons du soleil commençaient à gonfler d'or tout le duvet des nuages.

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