En passant la matinée à travailler chez Mme R.

En passant la matinée à travailler chez Mme R. sous un ciel de brume incertaine, assez haute, dont la pluie ne semblait pas appartenir aux développements possibles, je me suis distrait en comptant le nombre des grands arbres dans le jardin du bas ; histoire de donner une appréciation de sa grandeur. Il y a donc sur la gauche, le long d'un muret qui suit la pente, un rang de poiriers palissés. Perpendiculaire à ce rang, il y en a un de pruniers en contre-bas de quoi sont un ou deux pommiers, un abricotiers, et un cerisier déjà beaucoup plus ample, marquant la limite de ce verger, et gêné par un grand cèdre. Des grands cèdres, il y en a deux, parallèlement auxquels, tout en bas, et rangés en quinconce par rapport, il y a trois cyprès américains, que je dirais de Floride (il sont bleutés, mais pointus et non pas arrondis) sans en être certain. À l'extrémité opposée au mur initial, c'est-à-dire aussi à l'autre bout du rang de cyprès, il y a un taillis de trois bouleaux environnant 15 mètres de haut. Puis enfin, longeant la clôture en suivant à nouveau la pente, il y a une ligne de quatre épicéas dont le plus petit (celui du haut de la pente) fait 10 mètres. Ces arbres, bien que plantés sur un terrain en pente, ont leurs cimes à des hauteurs voisines. C'est dire si les cèdres et cyprès font dans les 20 mètres et plus de haut. Il y a aussi dans le milieu de ce prés la souche colossale d'un peuplier "lombard". J'ai encore pu remarquer que les gens par ici disent plus volontiers râteler que ratisser, pour un travail réalisé à l'aide d'un râteau. Quant à la brume, elle a fait mine de se lever du matin jusqu'au soir, esquissant un temps lourd et à la pluie en milieu d'après-midi. D'ailleurs il a plu trois gouttes vers 18 h., telles qu'on pouvait les compter. Il faisait jusqu'à 12 degrés cachant une impression de froid, et ce soir, la lune, quoique derrière un nuage, ne boit pas, contrairement au soleil qui n'a pas cessé de troubler une lueur dans le ciel depuis hier.